Dernièrement un bouquiniste, pourvoyeur de culture d'occasion, fournissait à Grand-Sachem cet ouvrage de Gonzague Saint Bris (rien que le nom : c'est tout un roman!).
Le Héros des Deux-mondes méritait bien cette biographie passionnante. Mais « que vient faire Gilbert Motier, marquis de La Fayette dans ce blog ? » dirais-tu, Ô lecteur, si tu ne savais qu'à l'instar des chats, Grand-Sachem retombe toujours sur ses pattes.
La quatrième de couverture nous dit que La Fayette fut " Tour à tour défenseur des indiens et des noirs en Amérique, des protestants et des juifs en France." C’est donc le premier point qui nous intéresse.
On ne peut pas dire que les relations de La Fayette avec les indiens soient vraiment développées dans ce livre. Juste quatre pages. On a plutôt l’impression que le Sachem Kayewla (« cavalier-redoutable », c’est le nom que lui donnaient les indiens) considère les indiens comme une force supplétive, ces combattants recrutés sur place pour compléter l’armée régulière.
Un paternalisme de bon aloi, voire du Rousseauisme d’époque permet de mieux faire passer la pilule.
Voici a titre d’exemple comment s’adressait Kayewla à nos frères après la bataille :
« En me rapprochant de mes enfans, je rends grâces au grand esprit qui m'a conduit dans ce lieu, où je les trouve assembles autour de ce feu nouveau, fumant ensemble le calumet de paix et de l'amitié. Si vous reconnaissez la voix de Kayewla, rappelez-vous aussi ses conseils, et les écoliers qu'il vous a si souvent envoyés. Je viens remercier mes enfans fidèles, les chefs des nations , les guerriers, les porteurs de mes anciennes paroles; et, si la mémoire paternelle n'oubliait pas plutôt le mal que le bien ,je pourrais punir ceux qui, en ouvrant les oreilles ont fermé leur cœur, et qui, levant aveuglément la hache, ont risqué de frapper leur propre père. »
La Fayette, partage avec son ami et maître, Washington la volonté de transformer un jour les indiens nomades en agriculteurs pacifiques, aptes à se fondre avec tous les non-anglophones dans le creuset américain. De bonnes intentions dont on sait comment elles ont été douloureusement mises en œuvre d’une manière difficilement défendable.
Mais détrompe-toi, Ô mon lecteur, Grand-Sachem est un grand admirateur du bonhomme, mais plus de La Fayette que de Kayewla.